30 Juillet 2011 – Le foule affluait hier vers l’île Jean Drapeau pour une deuxième journée consécutive de festival. Les lettres O.S.H.E.A.G.A écrites à l’hollywoodienne en haut de la colline surplombant les deux scènes principales. Chacun avait sorti ses plus belles tenues estivales, cool attitude de rigueur. Quelques indispensables apparemment comme les plumes aux oreilles, les mini shorts en jeans découpés, tshirts loose, chapeaux de pailles et borsalino, certaines avaient même osé les santiags!
Journée bien différente de la veille, les fans d’Eminem désertés, les habituels festivaliers osheagiens avaient repris leur place et vaquaient de scène en scène, une bière à la main. Pas vraiment de grosses têtes d’affiche, mis à part un Elvis Costello de fin qui a peiné à garder ses troupes. Petite erreur de programmation, le public pas vraiment conquis dès le début a doucement pris le chemin de la sortie, laissant les quelques fans ferus aux tshirts fièrement arborés profiter du concert en toute intimité.
Hier la place était donnée aux groupes encore trop peu connus du grand public, fidèle à la tradition de festival indépendant d’Osheaga. Autant dire un pur plaisir et de très belles découvertes ou redécouvertes qui ne manqueront pas de tourner en boucle dans les Ipods!
Début de l’enchaînement de concerts par les calgariens montréalais d’adoption, Braids, pour un show électro rock expérimental. Chanteuse dans la lignée Björkienne, suivie de ses musiciens au clavier, guitare et batterie pour un son rythmé et aérien, aux beats lents mais puissants. Mise en bouche particulière, absolument aux antipodes de Janelle et Eminem toujours un peu présents dans nos esprits. La musique de Braids n’est résolument pas accessible à tous, mais certains se sont laissés embarqués et leur trip aux allures d’aventure spatiale donnait plutôt envie!
La première révélation de la journée a été pour John Butler Trio, Californien d’origine exilé dès sa plus tendre enfance en Australie. Adolescent, muni de sa guitare, il prend la route pour devenir musicien itinérant. Rapidement rejoint par d’autres potes passionnés, il développe une musique roots et bluegrass, aux saveurs du bush australien. On entend presque la chaleur, le feu qui crépite, on devine les chapeaux de cowboys qui se lèvent au rythme de la musique et de la voix du chanteur à la fois chaleureuse et nonchalante comme seuls les sudistes savent pousser! Un moment seul sur scène, John Butler se lance tout à coup dans un solo de guitare absolument incroyable. Dix minutes hors du temps qui rappellent pourquoi les festivals existent. La foule l’a compris, le silence est total, chacun étant hypnotisé par ce son impressionnant que ce mec, l’air de rien, sort de sa guitare.
Un pur moment de musique. Ovation, le public est conquis!
Rejoint sur scène par ses acolytes, le groupe repart dans un morceau emballant et profite de cet état de grâce pour lancer un défi au public: “turn around, turn around”. La foule fait dos à la scène. “On the count of three, you turn around and dance like you never danced before! One….Two…Three!!” La folie s’empare du public! Cher John Butler, Montréal ne t’oubliera pas de si tôt!
C’est encore frétillants d’enthousiasme qu’on a rejoint la scène accueillant la belle SIA. Quelques inconditionnels déjà agglutinés sur les barrières regardent le staff s’activer. Réglages habituels et décorations un peu partout, recouvrant les instruments, un tapis déroulé au sol avec soin. La chanteuse pop australienne ne se déplace pas sans son univers coloré, un brin déjanté. Les musiciens avaient revêtu leurs combinaisons blanches rayées vert, jaune, rouge, même le micro avait son habillage de laine orange. Fin prêts, il ne restait plus que la belle pour parfaire le tableau. C’est une Sia aux allures de poupée russe qui est arrivée, sourire angélique et coucous adressés à son public, absolument sous le charme!
Le concert commence avec une suite de morceaux dont les excellents Clap your hands et Bring night, impossible de ne pas danser sur ces beats entraînants et se laisser dynamiser par la voix suave de la chanteuse. Sia, poupée russe désarticulée au coffre puissant, finit son set par un Breathe me à faire perler les larmes. Mélange d’émotion et de folie festive, SIA est a trouvé la recette des grandes chanteuses!
Quelques minutes plus tard, la scène change de décor. Un petit gars, jeans tshirt lunettes de geek arrive seul, une guitare à la main, deux micros. Réglages en direct. Nonchalance désarmante. Yoav commence à gratter sa guitare, l’air de rien. Quelques notes suffisent à comprendre que le bonhomme est une bombe à retardement. Le public s’arrête, intrigué. L’auteur compositeur israélien est désarmant. Influence certaine d’une musique électro minimaliste presque minérale, teintée de beats aux échos lointains orientaux, Yoav est un mélange de terre et de cosmique. Véritable ovni sympathique il crée devant son public, enregistre chaque partie une à une, décide de recommencer quand ça ne lui plaît pas, dans une simplicité naturelle.
Absolument captivant, sa musique est d’une douceur touchante, dansante même, avec un Club Thing que tout le monde reprend avec entrain.
Il s’interrompt pour nous rappeler qu’il faisait sa première scène ici même à Osheaga il y a cinq ans, avant même d’avoir enregistré son premier album. Depuis il en a fait du chemin: premières partie de Tori Amos, d’Imogen Heap, de Katie Melua, qui lui ont permis de conquérir le public et de voir les ventes de son premier album s’envoler! Gageons que nous le reverrons prochainement ici ou ailleurs…
Le journée s’est terminée avec un Death from above 1979, prévisiblement bruyant, rocky et un brin brutal. Le groupe aujourd’hui séparé et investi dans d’autres projets se retrouvait pour un dernier concert, au plus grand plaisir de leurs fans. Un seul disque et malgré tout une marque dans l’histoire du rock. Je ne peux que m’incliner même si absolument hermétique au genre.
Enfin, Costello. Boucle bouclée, cette deuxième journée était résolument dédiée aux plus ou moins jeunes pousses qui méritent d’envahir la planète musique. Un Osheaga propulseur de talent, comme tout festival devrait être!
Hâte de rejoindre Jean Drapeau pour une troisième journée de festivités!
- Si vous avez raté ma couverture du premier jour
- Si vous avez raté ma couverture du troisième jour
Auteur: Sarah Meublat
Merci à Thorium Photography pour l’accès média!